En route vers la fusion des marchés financiers de la Zone CEMAC
Pr Yvette Rachel KALIEU ELONGO Université de Dschang ( CAMEROUN)
Ce qui n’était jusque-là qu’une annonce parmi tant d’autres à la suite du Communiqué final de la Session Extraordinaire de la Conférence des Chefs d’Etat de la CEMAC du 23 décembre 2016 à Douala et réitéré lors de la Session du 31 octobre 2017 à N’Djamena sera bientôt une réalité.
En effet, la fusion des deux places boursières présentes dans l’espace CEMAC à savoir la BVMAC ( Bourse des Valeurs Mobilières de l’Afrique Centrale) et la Douala Stock Exchange ( DSX) sera bientôt effective. A la suite du Communiqué final précité, l’Acte Additionnel n°06/17-CEMAC – COSUMAF6 CCE 6SE portant a été adopté. Signé le 19 février 2018, date qui marque son entrée en vigueur, l’Acte Additionnel vise à rendre opérationnelle la volonté politique exprimée par les dirigeants des six États membres de la CEMAC quelques mois plus tôt.
Si l’on remonte quelques années en arrière, on se souviendra que la création du marché financier camerounais à côté du marché financier sous-régional avait fait couler beaucoup d’encre et de salive. Certains y avaient vu la manifestation d’un conflit de leadership dans la sous-région. D’autres, moins nombreux, avaient souhaité et espéré l’uniformisation, mais parfois sans vraiment y croire.
L’on s’est finalement rendu à la raison. La coexistence de deux marchés financiers n’a que faiblement contribué au développement de l’activité boursière dans la sous-région. Très peu d’entreprises étaient cotées sur le marché financier camerounais alors qu’il n’y en avait pas sur le marché régional en dehors de quelques Etats qui y ont procédé à des emprunts obligataires.
L’Acte Additionnel, après avoir posé le principe de la fusion des marchés, en détermine les structures. Il prévoit d’abord la création d’une seule autorité de régulation – cela allait de soi – dénommée « Commission de Surveillance du Marché Financier de l’Afrique Centrale » et dont le siège sera à Libreville au Gabon. Il précise ensuite que l’entreprise de marché unique, la «Bourse des Valeurs Mobilières de l’Afrique Centrale » sera installé à Douala au Cameroun ce qui emporte disparition de la DSX. Comme conséquence de l’unification des marchés, il y aura désormais un seul Dépositaire Central qui est provisoirement la BEAC en attendant l’agrément d’une structure indépendante dédiée à cette activité.
La mise en place du futur marché financier unique est assortie d’un délai qui est fixé au 30 juin 2019. Reste à espérer qu’à cette date, la fusion sera effective et qu’il ne sera pas nécessaire de prolonger le délai. L’on peut donc dire que dans quelques mois, les six pays de la CEMAC auront, à l’instar de ceux de l’Afrique de l’Ouest, un seul marché financier. Il restera alors aux émetteurs, aux investisseurs et aux Etats à contribuer à son envol afin qu’il puisse jouer véritablement son rôle dans le financement des économies de la sous-région.
Pr Yvette Rachel KALIEU ELONGO
Université de Dschang ( CAMEROUN)
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