Cameroun : La médecine traditionnelle a désormais sa loi

Pr KALIEU ELONGO Yvette
Université de Dschang

C’est par la Loi n° 2024/018 du 23 décembre 2024 portant exercice et organisation de la médecine traditionnelle au Cameroun que le législateur organise désormais l’exercice de la médecine traditionnelle qui fait désormais partie intégrante du système de santé camerounais et contribue à l’accès universel aux soins  et services de santé.

La médecine traditionnelle est définie  dans la loi de 2024 comme la « somme des connaissances, des compétences et des pratiques fondées sur les théories, les croyances et les expériences propres à différentes  cultures, qu’elles soient explicables ou non, utilisées dans le maintien de la santé et la prévention, le diagnostic, l’amélioration, ou le traitement des maladies physiques et mentales.

Elle se rapporte aux pratiques, méthodes, savoirs et croyances en matière de santé qui impliquent l’usage à des fins médicales, de plantes, de parties d’animaux et de minéraux, de thérapies spirituelles, de techniques, d’exercices manuels – séparément ou en association – pour soigner, diagnostiquer et prévenir ou préserver la santé ».

La nouvelle loi reconnait et organise 5 catégories de professionnels de médecine traditionnelle à savoir : les accoucheurs et accoucheuses traditionnels, les rebouteux, les tradi-ancestralistes, les tradi-spiritualistes les radiesthésistes et les herboristes et crée un ordre national des tradipraticiens. Elle pose les principes d’exercice de la médecine traditionnelle tels que le respect de l’éthique et de la déontologie, l’obligation de collaboration avec la médecine conventionnelle, le respect de l’hygiène et de la propreté, l’obligation de réserve et le secret professionnel, etc.

La loi précise par ailleurs les modalités d’exercice de la médecine traditionnelle  telles que l’autorisation d’exercice délivrée par le Ministre de la santé  publique ou l’obligation d’adresser aux autorités territorialement compétentes une déclaration écrite sur le nombre et le  lieu de traitement des pathologies, l’obligation d’assurer la traçabilité des actes et consultations réalisées par la tenue d’un registre d’activités. La loi prévoit aussi que la médecine traditionnelle peut s’exercer dans une unité de soins, un centre de médecine traditionnelle dont l’ouverture est soumise à autorisation du ministre de la santé et même dans les formations sanitaires publiques.

La loi comporte en outre des dispositions sur la protection et l’utilisation durable de la pharmacopée traditionnelle et des connaissances traditionnelles associées en lien avec les droits de propriété intellectuelle.

Elle  prévoit enfin des infractions assorties de sanctions. Par exemple sont interdits la publicité mensongère relative à l’efficacité des pratiques et remèdes ou le recours aux pratiques immorales et contraires à la déontologie. Les sanctions peuvent être pénales ou  administratives.

On espère qu’avec cette loi on pourra, désormais, face au foisonnement d’intervenants en matière de médecine traditionnelle, distinguer le bon grain de l’ivraie.